
Retour sur la recherche menée par le BIK en 2024
Le BIK mène des travaux de recherche-expérimentation en lien avec les problématiques majeures rencontrées par les producteurs.
Chaque année, des restitutions techniques sont organisées dans le but de rendre compte des travaux en cours, d’échanger avec les adhérents et de répondre à leurs interrogations. Cette année, le BIK a organisé 3 restitutions : à Saint-Lon-les-Mines, dans les Landes, à Moissac, dans le Tarn-et-Garonne et à Cliousclat, dans la Drôme.
Les recherches & expérimentations qui ont été exposées
Les travaux en cours au sein du BIK qui ont été exposés pendant ces restitutions techniques sont les suivants :

La punaise diabolique
Les dégâts occasionnés par cet insecte sur kiwi peuvent être importants et provoquer des chutes de fruits, c’est pourquoi le but des travaux est de trouver des solutions durables pour lutter contre ce ravageur. Dans ce cadre, le BIK a participé au projet POLCKA, qui est aujourd’hui clôturé, dont l’objectif est la recherche de solutions de lutte alternatives et complémentaires à la lutte phytosanitaire. Une étude de maturation ovarienne a permis de valider le modèle connu pour prédire le premier pic de ponte de la punaise diabolique. En revanche, les essais de répulsifs et méthodes alternatives n’ont pas démontré à ce jour d’efficacité. Cette année, les essais se sont concentrés sur 2 axes : les plantes répulsives (essai en 3e année) et les lâchers augmentatifs de Trissolcus mitsukurii, un parasitoïde de la punaise diabolique en Nouvelle-Aquitaine. Ces lâchers ont débuté le 10 juin 2024 en parallèle à une autre méthode : pour savoir si notre parasitoïde est resté dans le coin, nous accrochons des ooplaques sentinelles sous les feuilles et les récupérons 3 jours après pour les mettre en élevage. Un autre lâcher de Trissolcus mitsukurii a été effectué fin juillet et 5 autres poses d’ooplaques ont été faites pendant tout l’été.
Le dépérissement en verger de kiwi et l’irrigation
En février 2024, le BIK a participé au XIe symposium international sur le kiwi organisé par l’ISHS pour y présenter ses travaux sur les dépérissements. Des échanges ont été faits avec d’autres chercheurs sur le sujet, aboutissant à une visite en juin 2024 en Italie dans le but de partager des hypothèses sur des essais similaires. Les travaux établis par les chercheurs italiens et ceux effectués en France par le BIK sont concordants : l’engorgement en eau des sols, en interaction avec l’irrigation et le climat, est un facteur majeur qui explique le dépérissement. Ces travaux tendent à démontrer également que des solutions agronomiques appropriées à la sévérité du dépérissement peuvent permettre de restaurer un verger dépérissant. Les premiers résultats du système racinaire dans le cadre des essais de décompaction du sol sont encourageants. En parallèle à la recherche en dépérissement, l’essai irrigation, qui a été initié en mai 2023, a pour objectif d’étudier les effets de chaque système d’irrigation sur le système racinaire des vergers de kiwi. Le but premier est de connaître la répartition de l’eau dans le sol (bulbe d’irrigation) et, de fait, la répartition des racines et leur activité, ainsi que les conséquences sur l’appareil végétatif, mais également de déceler un potentiel stress hydrique engendré.

Les résultats pourraient permettre de choisir au mieux le système d’irrigation en fonction des besoins du kiwi et des caractéristiques pédologiques de la parcelle. Malheureusement, les conditions pluvieuses de 2023 et 2024 ne permettent pas de mettre en œuvre l’ensemble du protocole, les résultats obtenus à ce jour restent donc partiels.
La base données « Origine France »
Le BIK travaille sur la création d’une base de données « origine France » en vue de lutter contre la francisation via des analyses isotopiques et RMN. Au bout de 3 années de construction de cette base de données et l’introduction cette saison d’échantillons étrangers dans cette base, les résultats sont très positifs : les limites de l’origine France sont consolidées, et l’usage des données est jugé fiable pour les échantillons français (bien classés à 99 %) et étrangers (bien classés à 72 %). L’année 2024 sera donc une année de consolidation de la base de données, entre autres en accroissant le nombre d’échantillons étrangers. Cet outil devrait ainsi permettre dans les prochaines années de contribuer à la protection des kiwis origine France.
Un essai à ombrières photovoltaïque à venir
Un essai visant à étudier le comportement du kiwi sous ombrière photovoltaïque sera lancé au dernier trimestre 2024. L’objectif est de suivre le comportement physiologique du kiwi dans de telles conditions afin de vérifier si la culture sous ombrières photovoltaïques est compatible avec l’Actinidia (variété Hayward dans le cadre de cet essai).
Des problématiques relevées : la défaillance des moyens de protection contre les ravageurs
En parallèle à l’actualité de ce début d’année 2024, les kiwiculteurs font face à des impasses en termes de protection de leurs vergers contre les ravageurs. En effet, dans le cadre des travaux pour le « Comité de solutions », le BIK a pu dresser un constat alarmant : aujourd’hui, sur les 35 usages kiwi répertoriés en Europe, 8 n’existent pas en France bien que pour 6 d’entre eux les maladies ou ravageurs soient présents dans l’Hexagone (les deux restants étant des ravageurs présents en Espagne et Italie, dont on peut craindre qu’ils arrivent prochainement en France). Plus alarmant encore, sur les 15 usages essentiels existants en France pour les producteurs, 11 sont non ou mal pourvus – bientôt 12 voire 13. Et lorsqu’on regarde du côté des substances actives d’intérêt fort, seules 9 % d’entre elles sont autorisées en kiwi en France contre 56 % en Italie, 49 % au Portugal et 39 % en Grèce. En amont du Comité de Solutions, ce sont 75 substances actives qui risquent d’être prochainement supprimées, pouvant entraîner la suppression de 1772 autorisations de mise sur le marché de spécialités phytosanitaires. Le BIK reste actif sur ce dossier et mettra tout en œuvre pour couvrir les usages kiwi de manière pérenne.