Pionniers
Histoires de familles et d'innovation, les producteurs français ont tenté l'aventure du kiwi en France grâce à quelques pionniers. L'aventure part du Sud-Ouest et s'étend... jusqu'où ?
Les premières plantations dans l’Adour
L’aventure du kiwi débute en France avec plusieurs pionniers.
D’un côté, deux ingénieurs agronomes qui ont fait leurs classes ensemble à l’INA (Institut National Agronomique) de Paris-Grignon : Henri Pedelucq et Jean-Louis Soyez.
En 1965, Henri Pedelucq repère des fruits néo-zélandais sur le marché britannique. Il demande alors des plants à son camarade, dans le but de les acclimater dans sa région des Landes, dans le bassin de l’Adour.
D’un autre côté, Jacques Rabinel, un architecte français, tente la même expérience dans le domaine de Ribebon, en Gironde. Les deux essais s’avèrent concluants.
Entre 1966 et 1968, Henri Pedelucq réussit à importer 400 plants d’Actinidia à gros fruits de Nouvelle-Zélande, et, après être entré en relation avec le producteur et pépiniériste Mac Loughin en 1969, il se fait envoyer par ce dernier 2 000 plants de Hayward. Puis, quelques années plus tard, on a su reproduire les plants directement en France, grâce à la technique du bouturage.
Les premières plantations dans le Lot et Garonne
Dans le Lot-et-Garonne, tout commence en 1970, lorsque Jacques Sanz revient de Rungis avec une « souris végétale », qui était l’un des noms que l’on donnait alors au kiwi. Bien que quelques producteurs se soient déjà lancés dans la culture de kiwi depuis quelques années dans la Vallée de l’Adour, produire en France ce fruit considéré comme exotique reste une prise de risque.
En effet, tout est à construire : la technique pour le produire, ainsi que les marchés pour le vendre. Ce qui n’empêche pas Jacques Sanz, comme d’autres producteurs, d’y croire. Son plus jeune frère, Guy Sanz, a même souligné : « avec le kiwi c’est une vraie rencontre, notre terroir lui convient parfaitement ».
Les premières commercialisations
La première récolte à vocation commerciale a lieu en 1972 et contient… moins d’une tonne de kiwis ! Le 12 décembre de cette même année, les premiers kiwis origine France sont expédiés sur le marché allemand, en tant que fruit exotique. Le kiwi est d’ailleurs considéré comme un fruit exotique quelques années durant, même dans les pays où il était produit !
Une culture qui se répand rapidement
En 1973, Henri Pedelucq organise une réunion technique à Peyrehorade, dans les Landes. Il est accompagné de M. Fletcher, un technicien spécialisé dans le kiwi au ministère de l’agriculture néo-zélandais, F. Duroux, le futur président de la SNKF (Syndicat National des Kiwiculteurs Français) et de Jean-Michel Fournier, alors étudiant, mais futur directeur du BIK.
Dès lors, des projets de plantations se mettent en place, principalement dans la Vallée de l’Adour, mais également dans la région d’Agen, où est établi Jacques Sanz, futur président du Bureau Interprofessionnel du Kiwi (BIK). Ensuite, la culture s’est répandue dans la région de Perpignan, autour du groupe Barniol, en Corse, dans le Lot et Garonne, en Vallée du Rhône et en Val de Loire.
Dans les années 1980, l’enthousiasme pour la production du kiwi est à son paroxysme : en Europe, la consommation de kiwi s’installe et progresse de manière régulière.
Les années de crise du kiwi français
En 1992, le kiwi français connaît une crise importante, initialement causée par le décalage entre la montée en puissance de l’offre et l’évolution modérée de la consommation. Cette crise est aggravée par 3 facteurs majeurs :
- L’obstination des producteurs néo-zélandais à rester présents sur les marchés en même temps que ceux de l’hémisphère Nord, alors que la production européenne est en pleine croissance
- La décision des Italiens de se lancer dans une guerre des prix pour imposer aux Néo-Zélandais un partage du calendrier
- La dévaluation de la lire italienne qui place la production française dans une situation de compétitivité très défavorable : les prix sont en chute libre (de 10 FF/kg à moins de 1 FF/kg en 1992)
En parallèle, la consommation de kiwi est dopée par cette crise et les prix bas qu’elle provoque.
Cette crise dure jusqu’en 1997, lorsque l’on retrouve enfin une situation d’équilibre entre l’offre et la demande. Toutefois, cette crise a provoqué la disparition de nombreux acteurs ayant opté pour d’autres schémas de structuration. Certains protagonistes du kiwi français se sont réorientés vers d’autres marchés tels que l’export, les exportations maritimes s’étant développées.
Des efforts payants : le kiwi conquiert la France
Malgré les aléas rencontrés devant cette culture nouvelle, les efforts et le sens de l’innovation de cette première génération de kiwiculteurs paient. Quelques décennies après les premières plantations de vergers de kiwi, ce dernier gagne son titre de noblesse et s’exporte assez largement.
Pour résumer selon les mots de Marie-José Sanz, la fille de Jacques Sanz :
PIONNIERS
« L’histoire du kiwi est une histoire de pionniers enthousiastes et déterminés. C’est un fruit nouveau qui a suscité beaucoup de passion. »
Marie-José Sanz
Et l’histoire du kiwi français n’a pas fini de s’écrire puisqu’une troisième génération de producteurs rejoint progressivement l’aventure !
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